Le premier texte de cette série d’articles sur l’histoire du Valais plantait le décor politique de l’époque (1ère partie), à savoir les oppositions fréquentes entre l’Évêque de Sion, Le Comte de Savoie et les Patriotes valaisans durant tout le 14ème siècle.
Avec l’accession au trône d’Amédée VI de Savoie, qui serait bientôt surnommé le « Comte Vert », les tensions redoublèrent d’intensité entre les acteurs du pouvoir valaisan. Bien qu’Amédée ait, à cause de l’alliance traîtresse que l’Évêque Guichard Tavelli lui proposa, mis la main sur le canton, le peuple grondait et une simple étincelle suffit à faire flamber le pays.
Armoiries du Prince-évêque de Sion Armoiries Maison de Savoie
En 1354, cette étincelle vint de la décision du vice-bailli de faire payer à Sion une grosse somme d’argent pour des droits de douanes, ce que les citoyens refusèrent de faire. Quelques semaines plus tard, la révolte éclata pour de bon et les Patriotes prirent possession de la cité, jetant en prison tout ce qui était savoyard de près ou de loin. Le château de l’évêque fut mis à sac et Tourbillon fut conquis. Amédée VI de Savoie, recevant la nouvelle, lança son armée sur la capitale valaisanne et, au passage, appela en renfort de nombreux alliés puissants, à savoir le seigneur de Beaujeu, le comte de Neuchâtel ou encore ceux de la Gruyère et de Grandson. Sa requête fit son chemin jusque dans le Piémont, d’où arriva le prince Jacques.
Amédée était ravi de pouvoir faire étalage de sa puissance devant les murailles sédunoises, c’était l’occasion dont il avait rêvé durant toute sa jeune vie. Il fut même officiellement adoubé par son oncle devant les murs de la cité assiégée. Les communes valaisannes furent évidemment mise au courant de la bataille qui se préparait et, malgré la puissance indéniable de l’ennemi, personne ne se découragea. De petites troupes descendirent des vallées et se rejoignirent à la hauteur de la Morge de Conthey avec la ferme intention d’arrêter l’envahisseur à cet endroit-même. Malheureusement, bien que courageuse, cette armée improvisée manquait de discipline et devait se préparer au pire.
Amédée VI de Savoie, « Le Comte Vert »
Le Comte Vert dirigeait une armée expérimentée et très bien équipée qui se rua sur les braves Patriotes sans faire de quartier. Le choc fut terrible, envoyant à terre, selon certaines sources, quatre mille valaisans. Un chiffre qui semble énorme! Sans perdre de temps, le jeune comte de Savoie ordonna à ses troupes d’envahir Sion afin de ne laisser aucun moment de répit aux Patriotes. L’assaut fut donné à l’aube du 4 novembre et, durant toute la matinée, les citoyens de Sion défendirent vaillamment leur cité bien-aimée, s’armant de pierres ou faisant bouillir de l’eau chaude qu’ils versaient sans relâche sur l’ennemi héréditaire. De nombreuses brèches venaient lézarder les remparts sédunois mais les habitants, ne se laissant pas abattre, couraient pour colmater les brèches le plus rapidement possible. Malgré tous leurs efforts, ils ne purent stopper l’irrésistible armée d’Amédée et, en fin de matinée, les savoyards firent irruption dans la ville. Au sommet de sa gloire, le Comte Vert sauta par dessus une muraille et pénétra dans la cité, ordonnant le pillage et le massacre de ses habitants. Sion était à genoux, exsangue, en feu et ruinée. Elle mettrait des années à s’en remettre.
Les Valaisans durent signer une paix très cruelle, qui leur imposait d’important versements d’argent au vainqueur et qui leur faisait perdre, pour ce qui semblait être définitif, leur espoir d’indépendance. De plus, de terribles épidémies ravagèrent à nouveau la ville. Au 14ème siècle, la peste noire était fréquente, faisant de nombreuses victimes en Europe. La cathédrale, fierté sédunoise, tombait en ruine et, quelques années après la défaite, les chanoines durent demander au pape une exemption de la dîme, la ville étant trop miséreuse pour verser le montant réclamé.
A un niveau plus global, au 14ème siècle, l’Empire Romain Germanique menait la danse. Bien que sous l’autorité à la fois de la Savoie et de l’évêque de Sion, le Valais devait également répondre à l’Empereur, lequel ne s’inquiétait évidemment pas beaucoup de terres aussi insignifiantes et reculées que les nôtres. Pourtant, c’est vers lui que les représentant des communes valaisannes se tournèrent lorsque, épuisée, Sion était au bord du gouffre. Dans un premier temps, Charles IV entendit leurs plaintes et envoya des troupes à la reconquête de la cité afin de mettre fin à la tyrannie savoyarde. Malheureusement, des affaires plus urgentes le forcèrent à faire rebrousser chemin à son armée, appelée à se battre ailleurs.
Le Valais était donc à nouveau seul face à son tourmenteur. Par chance, quelques années plus tard, Amédée fit preuve de bon sens et, pour citer à nouveau Maurice Zermatten:
« Il comprend que jamais ce peuple ne se soumettra de bonne grâce, que, sans cesse, les guerres renaîtront, pour le malheur de chacun. A quoi bon s’obstiner? Il restitue aux communes valaisannes une large part de leur autonomie (moyennant mille trois cents florins d’or). Tourbillon est rendu à l’évêque. Le prélat retrouve son autorité. Hélas! Il n’est pas au terme de ses aventures ».
Bien que la paix avec la Savoie ait été scellée pour plusieurs décennies, l’évêque Guichard Tavelli dut payer cher son acte de traîtrise…
A suivre.
[…] Deuxième Partie […]
[…] de question pour les Sédunois de laisser, comme à l’époque du Comte Vert (on en parlait ici), leur ennemi héréditaire mettre la cité à feu et à sang. Les Patriotes, ces puissants […]
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