En ce jour anniversaire de la Bataille de la Planta, laquelle tient un rôle prépondérant dans mon prochain roman (A l’ombre des collines : https://audreymoulin.com/pre-commander-a-lombre-des-collin…/), je vous propose un petit extrait du chapite consacré à ce conflit décisif pour l’histoire du Valais, au dénouement duquel notre canton fut définitivement libéré du joug savoyard. Bien que méconnu, cette bataille est un événement fondateur pour notre région. Dans cet extrait, vous ferez connaissance avec le personnage principal, nommé Sebastian Asperlin (personnage inventé), un noble d’origine haut-valaisanne au destin compliqué.
» Ils s’attaquèrent aux remparts avec fureur, tentant de faire tomber les portes à coups de bélier tout en hissant de hautes échelles de bois contre la muraille afin de pénétrer dans l’enceinte de la ville. Sur la fortification, les hommes se battaient comme des démons, repoussant l’ennemi avec violence, envoyant valser des dizaines de Savoyards à la fois. Les projectiles pleuvaient sur les béliers des assaillants comme si le ciel lui-même crachait des pierres, des morceaux de bois et des bassines d’huile bouillante sur la plaine de la Planta. Les archers valaisans visaient tant bien que mal le gros de l’armée ennemie, espérant en réduire considérablement le nombre. A l’abri du mur, soldats et habitants s’activaient également, fournissant toujours plus de projectiles. Les premières flèches enflammées ne tardèrent pas à s’abattre sur la petite capitale, provoquant l’intervention efficace des Sédunois, lesquels empêchaient les incendies de se propager.
Sebastian était partout à la fois, hurlant des ordres, haranguant les hommes pour qu’ils oublient la peur et repoussant d’un coup de poing ou d’épée les ennemis qui montaient au créneau. Il grimpait régulièrement sur le rebord de la muraille, évitant habilement les tirs d’arbalètes, afin de déloger les échelles savoyardes qui ne cessaient de s’immiscer dans la défense sédunoise. Tel un enragé, il se ruait systématiquement sur l’homme de tête perché au sommet de l’échelle et, sans pitié, le transperçait de part en part avant de faire basculer la structure de bois à la renverse.
(…)
La situation se dégradait rapidement pour les Valaisans. Les hommes tombaient comme des mouches et il était extrêmement difficile pour les survivants de garder toute la longueur du rempart à l’abri des assauts savoyards. La scène était apocalyptique. Sion était assaillie par un déluge de pierres et de feu, recrachant elle-même de l’huile bouillante et des morceaux de roches sur ses ennemis. Les hommes étaient comme possédés, faisant la fierté de celui qui, désormais, les menait officieusement. Chaque soldat se démenait mais Sebastian craignait que cela ne suffise pas. A plusieurs reprises, entre deux coups d’épée meurtriers, il échangea un regard avec Lucien, posté un peu plus loin. Lui aussi s’inquiétait et, tout comme son ami, il tournait régulièrement la tête en direction du col du Sanetsch, par où les alliés Bernois devaient arriver.
– S’ils ne se dépêchent pas, on ne va jamais s’en sortir, maugréa Sebastian en empoignant un ennemi par la gorge. »